Après avoir participé à l'aventure littéraire du "Poulpe", Guillaume Nicloux se livre à une première déclinaison cinématographique de ce personnage formaté et inventé par Jean-Bernard Pouy. Un dosage habile de psychologie et d'intrigue policière, dans lequel se distingue Jean-Pierre Darroussin, très en phase avec la nonchalance désabusée de son personnage.
Son enquête sur l'homme au masque de latex n'ayant rien donné, Gabriel Lecouvreur, alias le Poulpe, accepte d'accompagner sa fiancée, Cheryl, à Morsang, en Bretagne. Dans cette petite ville de l'ouest de la France reposent les grands-parents de la belle. Plutôt reposaient... car leur tombe vient d'être profanée. La police n'a pas l'ombre d'une piste. Le Poulpe, lui, découvre assez vite d'autres faits dérangeants. Les vacances attendront.
Être bien dans ses pompes, de préférence en cuir souple blanc ou en toile rouge, est essentiel pour Gabriel Lecouvreur, dit "le Poulpe", un privé anar, amateur de bière, héros récurrent d'une série de polars initiée par Jean-Bernard Pouy, auteur majeur du roman noir. Respectant son confort et ses goûts, Guillaume Nicloux, le réalisateur du CONCILE DE PIERRE, l'emmène sur grand écran dans son troisième long métrage (après LES ENFANTS VOLANTS et FAUT PAS RIRE DU BONHEUR), dont il cosigne également le scénario avec l'auteur et Patrick Raynal. Le film respecte la verve des romans, et offre à ses protagonistes des répliques étincelantes, label du polar traditionnel associé ici à un certain esprit punk. Le Poulpe, ainsi nommé pour ses longs bras, emprunte au cinéma la dégaine de Jean-Pierre Darroussin, à l'aise avec ce personnage qui, dans un monde vachard, remet les grossiers personnages à leur place, à sa façon. Il aurait pu être un "lonesome cowboy" si Cheryl, une coiffeuse, spécialiste des mèches, n'avait croisé sa route. Clotilde Courau (TOUS LES SOLEILS, LA MOME), gouailleuse et accrocheuse, incarne la jeune femme.